Pourquoi la gratitude est-elle un élément clé d’une vie spirituelle ?

Si nous voyons le monde comme sacré, ce qui est une expression de la vie spirituelle, alors la gratitude suit immédiatement et naturellement.

Nous avons reçu le privilège extraordinaire de nous incarner en tant qu’être humain -  et bien sûr l’incarnation humaine comporte « les 10 000 joies et les 10 000 peines », comme il est dit dans le Tao Te Ching – mais cela comprend le privilège de la couleur lavande du coucher de soleil, du goût de la mandarine dans notre bouche, et de la presque insupportable beauté de la vie autour de nous, accompagnée de ses problèmes. Elle se recrée à l’infini.

Nous pouvons même nous perdre dans un plus petit état de conscience – ce que nous appelons le « corps de peur » en psychologie bouddhiste, qui apporte souffrance à soi et aux autres – ou bien, nous apportons la qualité d’amour et d’appréciation, que j’appellerais gratitude, à la vie. Ce qui amène une sorte de vérité. Le poète Pablo Neruda a écrit : « Vous pouvez cueillir toutes les fleurs, mais vous ne pouvez pas arrêter le printemps. » La vie se recrée à l’infini et nous expose chaque jour ses miracles.

Avec gratitude, je me souviens des gens, des animaux, des plantes, des insectes, des créatures, du ciel et de la mer, de l’air et de l’eau, du feu et de la terre, tout ce dont l’effort joyeux bénit chaque jour de ma vie.

Avec gratitude je me souviens l’attention et le labeur de milliers de générations des aînés et des ancêtres qui vinrent avant moi.

J’offre ma gratitude pour la santé et le bien-être que j’ai reçus

J’offre ma gratitude pour les bienfaits de cette terre que j’ai reçus

J’offre ma gratitude pour la bonne santé que j’ai reçue

J’offre ma gratitude pour la famille et les amis que j’ai reçus

J’offre ma gratitude pour la communauté que j’ai reçue

J’offre ma gratitude pour les enseignements et les cours que j’ai reçus

J’offre ma gratitude pour la vie que j’ai reçue

 Dans certains temples dans lesquels je suis allé, il y a, en fait, une prière que vous faites pour demander les difficultés:
-  "Puissé-je recevoir les difficultés appropriées afin que mon cœur puisse réellement s’ouvrir avec compassion."

Imaginez-vous demandant cela !

Être reconnaissant non seulement pour une bonne vie mais aussi pour sa souffrance est un élément clef pour vivre une vie spirituelle – et plus largement, pour une vie riche et épanouie -.

 Maintenant, tournez votre pratique vers la culture de la joie. Continuez de respirer doucement. Amenez à votre esprit quelqu’un qui vous est cher, quelqu’un pour qui il est facile de se réjouir. Visualisez-les et ressentez la joie naturelle que vous avez pour leur bien-être, leur bonheur et leur réussite.

A chaque respiration, offrez-leur votre reconnaissance,  vos meilleurs souhaits :

Puissiez-vous être heureux
Puisse votre bonheur s’accroitre
Puissiez-vous ne pas être séparé du bonheur profond
Que votre bonne fortune et les causes de votre joie et de votre bonheur grandissent.

 Détectez la joie sympathique- mudita-, la bienveillance- metta- dans chaque phrase. Quand vous ressentez un certain degré de gratitude naturelle pour la joie et le bien-être de l’être aimé, étendez cette pratique à une autre personne que vous aimez. Récitez les mêmes phrases simples qui expriment votre intention de cœur.

Alors progressivement, ouvrez la méditation à d’autres personnes aimées et bienfaiteurs. Après que la joie pour eux se soit intensifiée fortement, reculez pour vous y inclure.

Laissez les sensations de joie remplir entièrement votre corps et votre esprit. Continuez en répétant les intentions de joie encore et encore, quelles que soient les résistances et les difficultés qui émergent, jusqu’à ce que vous vous sentiez stable dans la joie.

Ensuite, commencez à inclure systématiquement les catégories de personnes neutres, puis les personnes difficiles et même vos ennemis jusqu’à ce que vous étendiez la joie compatissante, partout, à tous les êtres, jeune et vieux, proche et lointain.

La pratique demeure dans la joie jusqu’à ce que l’effort délibéré de la pratique diminue et les intentions de joie se mélangent à la joie naturelle de notre propre cœur de sagesse. »

Jack Kornfield

Trad. Jokei Sensei