Pratiquer avec tous les êtres...Okumura Roshi

いただきに        Itadaki ni        Sur sa tête
鵲巣をや        Kasasagi su wo ya    le nid d’une pie
つくるらん        Tsukuru ran        accrochée à ses sourcils
眉にかかれり        Mayu ni kakareri    une toile d’araignée.
蜘蛛のいと        Sasagani no ito        

Dans le Denkoroku, ( le Livre de le Transmission de la Lampe) Keizan Jokin parle ainsi de la pratique du Bouddha Shakyamuni après son départ du palais de son père:

“Shakyamuni était un fils du Soleil en Inde. A l’âge de 19 ans, il sauta par-dessus les murs du palais pendant la nuit et il coupa ses cheveux au Mont Dantaloka. Ensuite pendant six ans il pratiqua de sévères austérités. Plus tard, il s’assit sur le siège adamantin, là où les araignées tissaient leurs toiles entre ses sourcils, et les pies construisaient leurs nids sur sa tête. Il resta tranquillement assis sans bouger pendant six ans, et les mauvaises herbes poussaient entre ses jambes.A l’âge de trente ans, le huitième jour du douzième mois, au moment où apparut l’étoile du matin, il fut soudain illuminé. «

M°Dogen dans le  Hokyoki rapporte les paroles de son Maître à propos de zazen et du lâcher-prise de son corps et de son esprit:

« Le zazen des arhats et des Bouddhas-pour-soi sonr libres d’attachements et pourtant il leur manque la grande compassion. C’est donc un zazen différent du zazen des Bouddhas et des Ancêtres. Pour ce zazen en effet la grande compassion et le voeu de sauver tous les êtres sont de première importance…Dans leur zazen, les Bouddhas et les Ancêtres souhaitent rassembler tout le Dharma-Bouddha, depuis le premier moment où ils ont fait naitre l’esprit de la bodhi. Ils n’oublient pas les êtres vivants, ne les abandonnent pas pendant leur zazen; ils gardent un coeur plein de compassion, même pour le plus petit insecte. Bouddhas et Ancêtres font le voeu de sauver tous les êtres vivants et dédient les mérites de leur pratique à tous les êtres. »
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La source de la description de M°Keizan, comme les paroles de M° Rujing sur la compassion semble être le Daichidoron de Nagarjuna, son commentaire sur le Prajna Paramita Sutra.
Dans ce texte, juste après avoir dit que les Bouddhas et les Ancêtres n’oubliaient pas la compassion même pour un insecte, Nagarjuna raconte l’histoire d’un sage qui vivait dans la montagne, et qui était Skakyamuni dans une de ses vies passées. Il s’appelait alors Rakei Sennin, le Sage dont la chevelure ressemblait à un coquillage en forme de conque.Alors qu’il était assis sous un arbre, droit et inamovible, une pie avait fait un nid sur sa tête et y avait pondu ses oeufs. Le sage pensa que s’il se levait la mère serait effrayée, elle s’envolerait sans revenir, et les oisillons mourraient. Il resta donc assis sans bouger jusqu’à ce que la pie et ses enfants s’envolent.  Je n’ai rien trouvé dans les textes anciens parlant de toile d’araignée.
Cette histoire nous montre que le bodhisattva pratique avec tous les êtres vivants y compris les oiseaux et les insectes, et essaye de ne pas les effrayer ou leur faire du mal. Même pendant l’assise, il considère les êtres vivants comme une partie de sa propre vie.