Enlever les masques

Dans la salle de méditation, nous sommes assis ici comme nous serions dans une salle d'attente, si nous ne nous dépouillons pas de tout.
Ce qui reste ? Lin Tsi (Rinzai) le décrit ainsi : « Un petit tas de chair rouge ».

Nous sommes entourés comme par une coquille, de « rupa », le nom-forme, qui s’est construit au cours des années. Ainsi nous portons : le nom des ancêtres, notre famille, le lieu où nous vivons, puis notre métier, travail, statut social… Mais tout ça, ce n’est pas « le tas de chair rouge ».
C’est un masque..

Pas comme un masque de théâtre, pour faire semblant ou prendre de la distance. Non, nous sommes complètement : ce fils, cette fille, ce professeur, cet ouvrier, ce parent. Mais on sait que c’est un masque. Que devient le fils, quand ses parents disparaissent ? L’habitant de tel lieu, que devient-il, quand il déménage ?
Dans la salle de méditation, il faut enlever tous ces masques. « Je suis… » : enlevez-le !
Quand tous les « je suis… » sont enlevés, que reste-t-il ? Un bloc. Un bloc de peur. Là, on peut s’asseoir.

Sinon, au moment de mourir, tous les masques tombent d’un coup, on n’en a plus besoin. On se verra alors pour la première fois. Si tard !!
Alors il vaut mieux se voir dans la salle de méditation, lorsqu’on s’assied sur le coussin. C’est un lieu calme, protégé, d’autres personnes ont là avec nous, font la même chose que nous ; le maître est là. On peut s’asseoir et enlever tous les masques.

C’est difficile pour tous : enlever jusqu’à son vêtement de nonne ! C’est ainsi que le dit Lin Tsi : dans la salle de méditation, « le maître est nu ».
Si je crois "être" ce vêtement, alors ce n’est plus un vêtement de Bouddha.

Quand tout est enlevé, il reste « le tas de chair rouge ».
Lin Tsi disait à ses moines : « Soyez des personnes sans affaires ».